mercredi 21 novembre 2007

Parjure et perversion // le loup et le berger

Le canard qui dérange


Lorsque j'étais jeune à Delson, j'habitais avec mes parents, mon frère et ma soeur sur la rue du Curé Brault. Nous avions un voisin assez spécial qui habitait deux maisons plus loin. Ce dernier avait réussi à dresser une oie qui faisait plein de trucs étonnants. On parlait partout de ce «canard» savant! Vous pouvez imaginer qu'en tant que futur vétérinaire cette bête m'impressionnait beaucoup. J'ai alors été témoin d'une première démonstration de la malice de mon pervers narcissique.

J'ai compris que ce voisin dérangeait énormément les imbéciles de mon village. Imaginez-vous qu'en pleine nuit on avait capturé l'oie savante de notre voisin pour la libérer chez nous dans la cour arrière. Notons que jamais cette oie ne venait sur notre terrain. Bref, j'ai assisté ce jour-là à un crime qui m'a touché au plus profond de l'âme.


Ayant été retiré de son environnement, le volatil savant cacardait à plein poumon. Or le groupe qui s'était réuni, presque tous «ben saoul» ou pas mal avancé à cette heure-là, entend quoi? : «Un putain de canard!» Le silence se fît pour mieux entendre l'oie épeurée. Quelle date était-on, croyez-vous? Quel hasard! Ça faisait «15 minutes!» que la chasse était ouverte! C'était confirmé dans le journal.


Tous les connivents sont alors d'accord pour manger ce canard voyant là un signe évident du divin. Or, c'est le pervers lui-même (un amoureux de la chasse), quelques minutes passé minuit, avec le fusil cal. 12 de mon frère, qui a exécuté l'oie
à bout portant d'une décharge de plombs en pleine tête.

Tout l'monde trouvait ça très drôle et on était bien fier d'amener cette prise sur le balcon. « Hey! C'est une outarde, on aura d'la viande pour tous » lança les complices fous de joie. Imaginez l'ambiance : le canard qui vient lui-même tenter le diable à quelques mètres de notre porte de patio. Un coup de douze en pleine ville, en pleine nuit; on s'attendait à répondre aux policiers, à une visite d'un voisin; du propriétaire de l'animal. Mais non, le tout passe inaperçue. Faut dire qu'on était dans les années soixante-dix. Sans compter le fait que dans la résidence se trouvaient des témoins bien plus puissants que toute autorité!


J'étais jeune, je ne me souviens plus de tous les détails, mais je comprends que cette magouille visait un triple objectif.
Primo : éliminer l'organisme prodige tout en s'amusant; secundo : porter atteinte à ce voisin et ses enfants (les atypiques du village); et tertio : ce complot visait surtout, c'est clair, à corrompre une personne de très bonne morale. Vous vous demandez pourquoi on parle plus souvent de harcèlement moral que de harcèlement psychologique? Sachez que : on s'est arrangé pour que le curé de la ville lui-même soit là, témoin de l'évènement.

Sous l'apparence qu'un «canard» se trouvait par hasard dans notre jardin le jour même de l'ouverture de la chasse; faisant semblant qu'il ne savait pas que c'était l'oie savante du voisin avant de la tuer; le pervers avait demandé au curé d'affirmer que c'était lui-même qui avait tiré sur le volatil! Il avait persuadé le curé
de se parjurer, étant donné que c'était un animal très important et surtout que des enfants seront en crise de larmes suite à cet évènement. Argumentant aussi sur le risque de représailles auxquelles on se trouvait alors confronté. Le curé Brault, un homme dont la réputation était alors impeccable, avait finalement menti à ce voisin pour protéger le pervers. Le voisin ne pouvant, bien sûr, entreprendre de démarche contre les auteurs sans attaquer ce serviteur de Dieu, innocent, qui demandait pardon.

On peut avancer l'argument qu'on ne tire pas du fusil à côté des résidences comme ça! La chasse ouvre toujours à l'aube, pas à minuit! Mais le curé ne savait pas ça, voyons donc. C'était son premier «putain d'canard!» Je ne sais pas si le pervers a expliqué à cet atypique qu'il était mieux de partir de Delson, mais on a eu de nouveaux voisins peu de temps après.


Pour étudier les vrais cas de harcèlement moral, il faut étudier les évènements, attentivement, et reconnaitre que tout est prémédité, précisément, et que les faits se déroulent, toujours, de manière indubitablement perverse.


On avait tous pardonné au curé, suite à cet évènement, même moi. Par contre ce délit m'avait traumatisé en prenant conscience de ce qui se cachaient derrière leur plaisir malin.


Peut-être est-ce à ce moment que le pervers m'a pris en aversion, car j'avais visiblement mal réagi suite à cet extermination organisée, même si on m'avait clairement avisé de fermer ma gueule!


Charles Marsan

Tvie@msn.com

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Hello. This post is likeable, and your blog is very interesting, congratulations :-). I will add in my blogroll =). If possible gives a last there on my blog, it is about the Vinho, I hope you enjoy. The address is http://vinho-brasil.blogspot.com. A hug.